Batteurs de capoc à Zhonghualu

Résumé
Entre les pluies du printemps et les typhons de l’été, une courte fenêtre temporelle de quelques jours ensoleillés et secs, évapore les moisis de l’hiver et retourne la ville comme une chaussette. Tout le contenu des habitations se déverse d’un coup dans l’espace de la rue. S’y déplient et s’y déploient les intérieurs de logements surpeuplés (on annonce à l’époque une surface de 4.3 m2 par habitant) et surencombrés : des piles d’objets de tissus de linges et de cartons imbibés, qui ont passé l’hiver à stocker l’humidité ; mais aussi des meubles, des lits, des fauteuils qui viennent sécher et faire salon au grand air du jour ou de la nuit. Il n’est pas jusqu’aux matelas qu’une fois l’an il est de bon ton d’ouvrir pour en aérer le capoc aggloméré.
Deux artisans ambulants ont dressé leur étal de fortune pour éventrer celui de leur client dans un redent de Zhonhualu (à l’orée de la ville historique d’avant les concessions). Pendant des heures ils en éventent le contenu en faisant vibrer, avec un maillet de bois tourné, la corde d’un grand arc plongée dans le capoc, qui saute et tressaute à chaque battement de la corde. L’attaque, le rythme et l’énergie des deux artisans donne le ton de la séquence. Effets d’ouverture, d’accélération ou de reprise. Il y a des moments de synchronisation où les deux cordes se mettent à l’unisson et de désynchronisation où elles redeviennent indépendantes pour se fondre dans le métabolisme sonore d’une scène ordinaire de la rue shanghaienne.
Cadre thématique
La ville sonore
Preneur(s) de son
Pascal Amphoux
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